- ALISCANS
- ALISCANSALISCANSCette chanson de geste de huit mille cinq cents décasyllabes apporte une version remaniée des épisodes chantés dans la deuxième partie de La Chanson de Guillaume . Le titre fait allusion au champ de bataille où meurt Vivien: ce n’est plus l’Archamp de Catalogne, mais la célèbre nécropole d’Arles. L’accent est mis par le jongleur sur l’intransigeance de Vivien, sur la modération de Guillaume, sur l’instinct de son cheval Baucent, sur la dignité de Guibourc, son épouse, sur l’ingratitude du roi Louis. Cependant, on s’attache surtout à raconter les exploits burlesques de Rainouart, que le roi reléguait aux cuisines, mais qui fera merveille avec son tinel, le sapin qui lui sert de massue. Finalement baptisé, ce païen converti, qui se trouve être le frère de Guibourc, épouse Aelis, la fille du roi. Cette chanson de geste, qui a inspiré le Willehalm de Wolfram von Eschenbach, doit dater du règne de Philippe Auguste. Certains critiques ont vu en Rainouart un héros révolutionnaire s’attaquant aux deux ennemis du peuple, la noblesse et le clergé. S’il est vrai que les succès de ce «colonisé» boudeur, colérique et glouton pouvaient offrir une revanche imaginaire aux humbles et aux exploités, n’oublions pas que la vocation de la chanson de geste est d’entraîner, d’engager à l’action commune les divers éléments de la collectivité médiévale. Ainsi Guillaume excelle-t-il à rassembler les hommes autour d’une monarchie menacée.
Encyclopédie Universelle. 2012.